Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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voirl'administration semontrer; faites qu’on l’aperçoive et qu’elle sache périr ou marcher. Tout ce qui est hors de la France demande à qui l’on peut s’adresser, et sur qui l’on peut compter.

L'aventure de M. de Ségur, que je dis fausse tant que je puis, a fait un fort mauvais effet! ; on en a pro-

1 On lit dans la Gazelte universelle du 3 février 1792 :

« De Paris, le 3 février.

« Lorsqu'il a été annoncé, il y a sept ou huit jours, que M. de Ségur regardait sa mission à Berlin comme finie, et qu’il demandait son rappel, c’élait dire qu'il n'avait pas réussi dans sa négociation, cependant il avait été d’abord assez bien reçu du Roi et de ses ministres, mais un jour d'audience publique, le Roi, après avoir affecté de parler plus qu'à son ordinaire, à tous les ministres étrangers, tourna brusquement le dos à M. de Ségur, lorsque celui-ci approcha pour faire sa cour. Ce ministre revint chez lui, sans doute très affecté d'une injure qu’il croyait lui être personnelle; il s'enferma dans son cabinet, écrivit pendant quelque temps à son bureau, il appela ensuite, et demanda à son valet de chambre un large couteau, que celui-ci lui apporta sans soupçonner l'usage auquel son maitre le destinait. M. de Ségur écrivit encore pendant deux ou trois heures, après quoi, il se perça trois fois le sein de son large couteau. On accourut au bruit qu'il fit en se débattant; de prompts secours Jui furent donnés. On s’apercut bien que le cœur qu’il avait voulu percer n’était pas offensé; mais comme il paraissait y avoir extravasion de sang, on désespérait de son état, lorsqu'on fit partir le courrier qui apporta ici, avant-hier au soir, cette triste nouvelle. »

M. de Ségur écrivait de Berlin, à la date du 14 février 1799, à M. Delessart :

« Les papiers publics et des lettres particulières m'ont appris l'étrange nouvelle qui s'est répandue à Paris sur mon compte. La chute de cette fable a été aussi rapide qu’elle devait l'être, et la prudence de M. de Moustier aurait dû, dans tous les cas, l’engager à en attendre la confirmation avant d'y croire et de la communiquer. J'ai cherché à approfondir la source de cette nouvelle; tout ce que j'y comprends, c’est qu’un jeune secrétaire qui est ici a fait une lourde bèévue, que son cerveau exalté lui a fait supposer une chimère et