Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 87

digieusement parlé ici, et surtout on la extrêmement mêlée avec la révolution. On a espéré qu’en décriant nos agens, On décriaitnos principes. L'affaire de M. de Biron n’est pas meilleure par ses suites dans l'opinion, elle me fait beaucoup de peine. Les Français qui sont ici ont été bien lâches; il est prouvé que toute cette aventure à été conduite par eux. Je crois qu'il sortira aujourd’hui de prison, mais sûrement pas plus tard que demain. L'affaire des vrais billets est finie par moi; celle des faux était trop considérable pour que je pusse déposer la somme dont il avait besoin. Avec les ma-

écrire ce qu’il à supposé. Jusque-là, il m'avait été fort utile et il était exaspéré de l'inquisition exercée ici contre les Français, des calomnies répandues sur mon compte, Et un jour que je me suis fait saigner parce que je crachais du sang, ce qui m'arrive malheureusement trop souvent, n'ayant pu me voir et supposant du mystère à cette incommodité, entendant mal un laquais allemand, qui lui disait que je rendais beaucoup de sang, il s’est monté la tête et a écrit promptement ce qu’il a cru entendre. Il est honteux, désespéré de sa balourdise, il m'a fait pitié et je lui ai pardonné. Je me flatte que cette nouvelle étrange est absolument tombée, comme toutes les sottises qui, dans ce temps-ci, inondent toutes les feuilles et tous les pamphlets, et je suis bien aise du regret que doit avoir M. de Moustier d'avoir imprudemment donné tant d'éclat à un bruit de semblable nature. »

! Une correspondance de Londres, insérée dans la Gazette universelle, donnait l'explication suivante de l'incident :

« M. de Biron est toujours en état d’arrestation, il a véritablement signé les billets qu'on avait crus faux. Voici comment il avait contracté des dettes immenses : il existe à Londres une infinité de clubs où l’on joue gros jeu, il est d'usage que les valets-maitres des clubs soient de riches propriétaires; c’est même une place qui s’achète. Ces valets ont toujours dans leur portefeuille 3 à 4 mille livres sterling; les personnes qui sont connues, lorsqu'elles perdent, ne font qu’appeler le valet, qui donne, suivant la demande et la solvabilité de la personne, 2, 3, 400, 1,000 et 2,000 livres sterling.