Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 361

lui, quelque sorte de publicité; ces considérations sont de nouveaux motifs en faveur du secret que nous prenons la liberté, Monsieur, de vous demander.

Nous avons reçu, Monsieur, par le même courrier que votre dépèche chiffrée, celle du 14 juin que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le même jour, relativement à l'abolition de la course en mer; et nous

allons nous en occuper incessamment".

1 Voici cette dépêche, datée du 14 jain 1792 :

« L'Assemblée nalionale, Monsieur, a décrêté dans sa séance du 30 mai dernier, la proposition faite d’énviler le pouvoir exécutif d'entrer en négociation avec les puissances étrangères sur l'abolition de La course sur mer, et d'ajourner les mesures ullérieures jusqu'après le compte qui sera rendu par le pouvoir exécutif du résultat de ces négociations.

« Cette grande et bienfaisante mesure, à laquelle la justice, l'humanité, la politique bien entendue des nations, l'intérêt du commerce enfin applaudissent également, ne pouvait qu'être saisie avec empressement par le Roi el son conseil; Sa Majesté m'a chargé, en conséquence, d'entamer le plus tôt possible des négociations avec toutes les puissances maritimes, pour les déterminer à la suppression de la course sur mer. La querre est par elle-même un fléau assez terrible, assez ruineux pour les peuples, sans l'aggraver encore par un brigandage aussi déshonorant pour les Etats qui le tolèrent, que pour les sujets qui s’y livrent.

« Je ne doute pas, Monsieur, que vous ne sentiez toute l’importance de cette négociation dont je vous charge spécialement auprès de la cour où vous êtes accrédité : sans doute votre zèle, vos lumières, votre patriolisme vous inspireront dans la poursuite de cette glorieuse mission, toutes les démarches qui peuvent en assurer le succès, et vous ferez valoir avec toute l'énergie dont vous êtes capable, la nécessité d’abolir cet usage barbare, dont l'effet le plus certain est d'appauvrir l'Etat en ruinant les fortunes des citoyens, et d'ajouter aux malheurs publics une foule de calamités particulières. « Vous ne perdrez pas de temps, Monsieur, à faire les premières ouvertures à ce sujet, et vous voudrez bien m'informer exactement du