Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

362 MISSION DE TALLEYRAND

Nous attendons toujours que vous veuilliez nous faire connaître ce que vous pensez de la loi dont nous vous avons parlé dans nos dépêches du 28 mai, du 5 du courant, comme d’un moyen infiniment propre à faciliter dans ce pays toutes nos opérations '.

Les circonstances nous paraissent tellement graves, et il est si essentiel que le ministre des affaires étrangères soit parfaitement au fait de tout ce qui concerne

résultat de vos démarches ; on ne peut trop hâter la conclusion d'une mesure qui épargnera des malheurs aux peuples et attirera leur reconnaissance éternelle sur ceux qui l’auront provoquée. »

! C’est en vain que Talleyrand, qui avait tant d'avenir dans l'esprit, réclamait le vote d’une loi qui proclamät le principe de nonintervention dans les affaires intérieures des autres États.

Dumouriez et le ministère girondin croyaient à la nécessité des batailles pour consacrer l'œuvre de la liberté; aussi n'est-il jamais question, dans cetle correspondance, aux dépêches venant de Paris, de la proposition renouvelée inutilement dans la lettre du 14 juin; et pourtant, dans certains jours, l'Assemblée législative entendait prendre à la lettre les dispositions constitutionnelles par lesquelles la nation française avait déclaré renoncer & entreprendre aucune guerre, dans la vue de faire des conquêtes, si l'on en juge par un incident parlementaire de la séance du 19 avril.

On venait de lire une lettre de MM. Baud, négociants à Marseille, annonçant qu'un vaisseau marchand avait fait la découverte de plusieurs îles, que le capitaine les avait dénommées les de la Révolution, et qu’il en avait pris possession au nom et pour la nation francaise, et Louis XVI, Roi des Français. Le député qui avait lu cette lettre demandait qu’il fût fait mention, au procès-verbal, de la conduite du capitaine.

Un député de Maine-et-Loire, du nom de Quesnay, s’éleva avec vivacité contre celte molion, au milieu des applaudissements de l'Assemblée. « C'était pour lui un grand problème que de savoir si c'a été un bonheur pour l'Europe que la découverte de l'Amérique. Vous avez renoncé solennellement à toute conquête... et toute prise de possession serait une conquête et une usurpation, Quand il n’y aurait