Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

386 MISSION DE TALLEYRAND

guerre à laquelle elle s’est vue forcée, et où nous avons en même temps annoncé les dispositions amicales et l'on peut dire de justice étroite du Roi et de la nation envers les puissances neutres.

Nous osons croire qu'un pareil langage eût été très utile dans la bouche de tous les ministres du Roi dans les autres cours, et ce n’est pas sans peine que nous avons observé l'impression qu’a faite ici la note par laquelle M. de Maulde a communiqué, le 31 mai dernier, aux États-Généraux la déclaration de la guerre. On y trouve une sécheresse, une absence de tout développement, de tout motif, de toute assurance amicale, et Von craint fort que l'effet naturel n’en soit, sinon de détourner les Provinces-Unies de la neutralité qu'il nous conviendrait si fort de leur voir embrasser et dont tant d'intriques cherchent à les éloigner, du moins de relâcher toujours davantage les liens qui les retiennent encore dans des termes convenables à la France. Les personnes malveillantes croient voir dans cette manière peu amicale un indice muet, mais très concluant, de ce malheureux esprit de propagandisme qui a fait au dehors tant d’ennemis à la France et contre lequel, par cette raison, nous nous sommes constamment élevés avec vigueur, et dans nos notes officielles et dans notre correspondance avec votre prédécesseur '.

Nous vous prions, Monsieur, de vouloir bien vous

1 Séqur écrivait aussi de Berlin, le 16 janvier 1792 : « Nos libellistes, nos déclamateurs, nos dénonciateurs ont aliéné