Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 409

nous abstiendrons d'y prendre part, afin de ne donner lieu, dans ce pays, à aucun ombrage.

C'est pour cela encore qu'il nous semble qu'on devrait renoncer à la formation de cette légion de Bataves proposée à l’Assemblée nationale, qui a trop l'air d'une hostilité dirigée contre le gouvernement actuel des Provinces-Unies, dont l'Angleterre est garante!,

En voilà, Monsieur, plus qu'il n’en faut pour vous faire juger de l’extrème délicatesse de notre position dans ce pays. Nous n'avons pas besoin de vous dire combien elle exige de relations diverses, d’égards de tous les genres, et surtout de prudence et de sagacité, pour se tenir au courant des affaires intérieures, sans trop avoir l'air de vouloir ni de pouvoir le faire. I nous tarde infiniment, Monsieur, d'apprendre des nouvelles de vos premiers entretiens avec M. de Talleyrand, et de la manière dont vous jugez notre situation !,

1 Dans la séance du 8 juillet, le ministre de la guerre remettait sur le bureau un message du Roi pour demander la levée d'une légion batave. Brissot faisait observer qu'il était impolitique, dans un moment où la Hollande gardait encore la neutralité, de former en France une légion batave. Le projet avait été conçu sous le ministère de Dumouriez, qui avait réuni au ministère des affaires étrangères, le 29 mai, la plupart des Hollandais réfugiès en France à la suite de la révolution de 1787, pour arrêter les bases de cette création d'une légion batave qui était recommandée par notre bouillant ministre à

la Haye, Emmanuel de Maulde. Sur la proposition de Brissot, l'affaire avait été renvoyée au comité diplomatique.