Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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comptes de vente de l'intérêt de ses fonds dont il accorde un si long usage. Mais comme les demandes se succèdent et s’'augmentent chaque année, il s'établit une balance de payements réguliers et de crédits nouveaux, qui ne laisse en souffrance qu'un premier déboursé dont l'intérêt est à répartir sur les factures suivantes en même temps que sur les premières. Cette première dette établit un lien difficile à rompre des deux côtés entre le correspondant anglais et l’américain. Le premier craint, s’il arrêtait les envois, de renverser un débiteur dont la prospérité est la seule garantie de ses avances. L’Américain craint, de son côté, de quitter un fournisseur avec lequel il y a trop d'anciens comptes à régler. Entre des intérêts ainsi cimentés et fortifiés par une longue habitude, il est impraticable à une nation tierce d'intervenir. Aussi la France est-elle réduite avec l'Amérique à quelques fournitures de denrées particulières à son sol. Mais elle n'entre point en compétition avec l'Angleterre sur la vente des objets manufacturés, qu'elle ne pourrait établir en Amérique ni à si bon compte ni à si long terme de crédit.

Depuis deux années, la combustion des affaires en France à forcé plusieurs négociants de songer, non plus aux moyens de faire des bénéfices, mais à ceux de sauver une partie de leur propriété en sacrifiant le reste; pour cela ils se sont trouvés trop heureux d’invertir une partie de leurs fonds en marchandises quelconques et de les envoyer sous cette forme en Amé-

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