Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 51

XXI

BIRON A NARBONNE

Londres, 30 janvier 1792.

Je reçois ta lettre, mon cher Narbonne, et je dois te faire quelques observations ; je t'ai effrayé en te disant le prix des chevaux. Je l'ai supposé le plus haut possible avec l'espoir d'en rabattre, ce qui arrivera très certainement. On te fait perdre un temps que tu désires ne pas gaspiller. Voilà, ce me semble, ce qu'il y avait à faire : c'était de décider d’abord si tu voulais avoir des chevaux à quelque prix que ce fût, ou de fixer le plus haut prix auquel tu voulais qu'on les payät, ensuite, ouvrir un crédit à qui tu aurais voulu, aux conditions que tu aurais jugées nécessaires. Tu saurais à présent sur quoi compter, et tu aurais selon toute apparence un assez grand nombre de chevaux achetés ; il eût aussi été à désirer que cette disposition n’eût pas été aussi connue, car, en arrivant à Douvres, je lai trouvée dans tous les papiers publics, ce qui renchérira à M. Pitt et à milord Grenville pour leur demander le moment où je pourrais avoir l'honneur de leur présenter ce prélat chargé de lettres pour eux. M. de Talleyrand ne pourra faire sa cour au Roi

que mercredi prochain, et le lendemain à la Reine. Il n’y a point cour avant celte époque... »