Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

52 MISSION DE TALLEYRAND

les chevaux. Je ne sais si MM. Chollet et Bourdieu te proposent de nouveaux moyens : ils n'en connaissaient aucun lorsque nous les avons vus, l'Évêque et moi, etle chevalier Maitland leur avait dit seulement qu'il faudrait envoyer en Irlande, et ils pensaient, eux, qu’il n'y avait autre chose à faire que de mettre cette affaire entre les mains d’un seul homme qui la ferait lentement et à sa volonté. J'étais, moi, d’une opinion absolument contraire ; je pensais qu’il fallait commencer par enlever par lots tout ce qu’il y aurait à vendre dans les maisons publiques d’encan de Londres qui sont nombreuses et présentement toutes pleines de chevaux. Cette manière est la plus économique de toutes, en ce qu’elle n’admet pour ainsi dire point de concurrence, qu'ayant besoin de chevaux pour plusieurs armes, il y en aurait un très petit nombre à réformer, et sur lesquels on n'aurait point ou peu perdu en les revendant sur-le-champ aux mêmes encans. Cela n’aurait empêché ni d’aller en {rlande ni de passer des contrats avec les gens qui pouvaient acheter des chevaux dans les provinces. Javais déjà fait un arrangement avec un nommé Tattersall, homme très riche, et quitient dans sa main fous les chevaux d'Angleterre. Il devait me fournir mille chevaux le premier mois et ensuite cinq cents, par mois suivants, jusques à concurrence de quatre mille. Nous étions en discussion sur le prix et assez d'accord à fous les autres égards. Il demandait 32 livres sterling par cheval, donnant pour raison qu’on les payait entre 25 et 28 pour