Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

268 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

espoir à tous les sentiments de reconnaissance, d’attachement et de respect dont je vous prie d’agréer l'hommage. L. F.

LETTRE XXIV (OUVERTE). A Monsieur de Maubourg.

Neisse, le 6 mars 1794.

Il est vrai, mon cher Maubourg, que j'attendais impatiemment de vos nouvelles. Mais je ne me suis pas trompé sur les motifs du retard. La conduite de M. le général de Gutzen est bien conforme à ce que je connaissais de lui, et je partage votre reconnaissance et celle de votre charmante sœur. La voilà donc établie dans les casemates de Glatz, [où, quoiqu'elle ait une belle occasion d'apprendre la langue et le droit public d'Allemagne, son étude la plus naturelle sera d’adoucir votre solitude]. Je n'ai été favorisé dans mes cachots d'aucune apparition, mais j'imagine que les anges consolateurs doivent avoir la même physionomie. [Vous ne m'envoyez pas la réponse du roi, obligeante pour elle, qui peut-être l'était moins pour moi, car je m'aperçois que je suis mal à la cour’.] Je [ne] vous [en] remercie [pas moins], mon cher ami, de tous les détails que vous me donnez, et qui me rassurent beaucoup sur le sort de ma famille et des autres personnes qui m'intéressent. [Je suis fort aise de ce que vous me mandez sur mon cher Victor, ainsi que de l’arrangement avantageux de votre ami, et c’est avec une vive joie que j'ai appris l’arrivée de B[oinville] en Angleterre, où j'espère bien qu'on lui aura communiqué tout ce qui a rapport

1. De Prusse. Cf. lettre XI, p. 232, n. 3. Le prince Henri, oncle du roi, avait cependant parlé en faveur de La Fayette. Cf. lettre XX VIT, p. 277, n. 4.