Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

296 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

cour. Si nous avons bravé, il y a quatre ans, toutes les persécutions que nous avions prévues; si, après avoir connu ce régime destructeur, nous avons rejeté avec mépris tous les moyens peu délicats de nous y soustraire, vous sentez que le zèle de nos amis nous rendrait un bien mauvais office, de faire fléchir le moins du monde notre caractère.

On dit que MM. Bollmann et Huger, après avoir tout risqué pour La Fayette dans une entreprise aussi hardie que bien concertée, que les accidents impossibles à prévoir ont rendue infructueuse, ont été solliciter une résolution du Congrès' pour revenir travailler avec plus de succès à sa délivrance.

On accuse sans cesse La Fayette d’avoir dit, sous un gouvernement arbitraire, que la résistance à l'oppression est le plus saint des devoirs. Oui, sans doute, il l’a dit, et que sous un gouvernement vraiment libre, c'était l’obéissance aux lois; et si le devoir d'insurrection eût été mieux pratiqué, la France eût-elle souffert les crimes de tous genres qui l'ont désolée pendant près de quatre ans?

N’est-il pas bien remarquable que les seuls Francais que la haine de tous les ennemis de la liberté retient dans les fers, soient trois personnes dont l'une a parcouru si glorieusement la carrière que lui traçait son patriotisme, que les persécuteurs les plus acharnés n’osent avouer leur malveillance contre lui et assurent que l’homme privé admire ces vertus que l’homme d'État poursuit dans les deux autres, qui, n'ayant pas été en position de se faire remarquer, ne peuvent fournir d’autres griefs que leur constant attachement à la cause de l'humanité,

1. Des États-Unis.