Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 313

versation de lui avec M. de Thugut seraient du plus grand avantage pour nous. Tout ce que nous demandons est qu'il puisse y arriver de manière ou d'autre sans être accusé d’avoir abusé de la confiance des plénipotentiaires, et d'avoir violé le règlement du pays, signifié à lui-même par le Thugut. Au reste, quelque parti qu’il prenne, il vous rendra compte, soit par lettre, soit en personne, de tout ce qui à rapport à cette affaire.

Nous avons au fond de l'âme une espérance, c’est que le Directoire aura permis à Talleyrand, d’après vos dépêches du 16, de vous donner une commission directe pour Vienne, qui vous assurerait le droit d'y arriver, d’être écouté par M. de Thugut, et de réclamer l'exécution de sa parole. Si le vœu de nos cœurs s’est réalisé, vous devez le savoir à présent, et c’est un motif de plus pour que Romeuf aille vous dire tout ce qui s’est passé. Peut-être aussi trouverez-vous à Dresde quelque moyen de le faire arriver régulièrement à Vienne.

Nous croyons que la parole positive de M. de Thugut, donnée à un envoyé plénipotentiaire français, garantie par M. de Gallo, connue du ministre impérial et du consul américain à Hambourg, est un point principal duquel il faut partir toujours pour en exiger l'exécution. Il nous semble que Henriette et Julienne’ doivent écrire à M. de Thugut une lettre simple et pressante qu’il faudrait tâcher de faire remettre par un courrier chargé de rapporter la réponse. Est-ce que les ministres alliés de la République à Dresde ne pourraient pas vous en donner quelque moyen ? Je crois même qu'un des hommes principaux de la

1. Mre: de Maubourg et de Pusy.