Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 333

ment combattu par nombre de ses plus intimes et fidèles amis. Je m'interdis, comme vous, de rechercher les moyens par lesquels la Providence pourra écarter l'obstacle. Il en est un cependant que je puis noter [avec un désir raisonnable et une attente passionnée].

J'ai l'espoir d’une paix prochaine", à laquelle presque toutes les puissances maritimes sont intéressées. Quelle meilleure compensation imaginer aux calamités et aux crimes de cette guerre, que l'insertion d'une clause formelle mettant, une fois pour toutes, un terme à l’infâme commerce et préparant, autant que possible, le rétablissement de nos frères noirs dans les droits de l’homme? Quel gouvernement chrétien s'y opposerait? Pas la République française, j'en suis sûr. Dans une convention qui doit être universelle, l’orgueil égoïste ne saurait intervenir. Innover, au moins sur ce point, ne peut être, à mon avis, considéré comme irréligieux où immoral. [L'égalité dans] la réprobation de la plus horrible piraterie ne peut être jugée subversive du bon ordre.

Aussi, que tout homme qui a pris au sérieux cette question ou qui veut en avoir l'air, que tout homme, quel que soit son parti politique ou son sentiment national, s'exerce avec un zèle incessant à provoquer, avec une ardeur cordiale, un événement dont l'opportunité ne fut jamais si grande.

Adieu, mon cher Monsieur; [mes meilleurs vœux, ma plus affectueuse gratitude, s'adressent à vous. Croyez-moi, avec grande amitié et considération,

Votre sincère ami.] LA FAYETTE.

1. Elle ne fut consentie par l'Angleterre qu'à partir des préliminaires du 1* octobre 1801 et signée à Amiens le 28 mars 1802. Les hostilités reprirent de 1804 à 1815.