Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

338 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

y était resté pour vous combattre où en avoir l'air, il serait reçu à Paris sans difficulté. Il en est de même de Victor, qui, avant la Révolution, y avait été faire ses caravanes. J'espère cependant que leur affaire s’arrangera. Ma femme vous en rendra compte. Parlez de moi, mon cher Louis, à ceux de vos amis qui me conservent une place dans leur cœur. J'embrasse tendrement votre frère. Adieu, mon cher et bien-aimé Louis, je suis bien constamment occupé de vous, je fais des vœux bien ardents pour votre

bonheur, et j'en aurai un inexprimable à vous revoir. L EF.

LETTRE XLIV.

Madame de La Fayette à L. Romeuf. Paris, 29 thermidor!.

Ne faisant pour ainsi dire qu'arriver à Paris, nos chers amis, l’on y reçoit vos premières nouvelles. Vous avez bien souffert. Nos cœurs vous suivent partout. Le mien est bien malade de tout ce qu'il a quitté, mais ma santé est fort bonne à présent. Je suis ici avec ma Virginie; l’ainée est restée près d'Utrecht avec son mari’; ils sont fort heureux, assez pour nous consoler un peu de cette séparation.

Le citoyen Méchin* veut bien se charger de cette

1. 17 août 1798.

2, Lettre XLIII, p. 335, n. 2. 3. Le baron Alexandre de Méchin, né à Paris en 1762 et mort en 1849,

fut, pendant la Révolution, très lié avec les principaux girondins. Sous le Directoire, il fut chef de cabinet du ministre de l’intérieur, Benezech; en juin 1798, il fut nommé gouverneur civil de Malte. Après le 18 brumaire, il fut préfet des Landes, de la Roër, de l'Aisne et du Calvados. Révoqué deux fois par les Bourbons, il devint député de l'Aisne, de 1819 à 1830. Nommé conseiller d'État par Louis-Philippe, il prit sa retraite en 1840.