Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

GORRESPONDANCE INÉDITE 339

lettre; il a été bien honnête pour nous. Il nous a promis de faire une enquête sur nos ci-devant chevaliers de Malte, Victor et Charles, qui, j'espère, pourront jouir des avantages de la capitulation lorsqu'il sera prouvé qu'ils n'étaient hors de l'ile que parce que leur patriotisme y était trop connu‘. Je n’ai pas besoin de vous demander vos bons offices. Je suis persuadée que le citoyen et la citoyenne Méchin vont rendre le séjour de l’île fort agréable?. Mais il paraît que votre santé en a trop souffert et que nous vous reverrons. En attendant, nos chers amis, notre cher libérateur, je ne vous demande pas de penser à nous, je vous dis que nous penserons à vous sans cesse; tout cela vous est bien connu. Je voulais vous en écrire bien plus long, mais le moment du départ du citoyen Méchin ne me laisse que celui de vous dire que vous lirez dans nos cœurs à tous.

LETTRE XLV.

La Fayette à la citoyenne La Fayette, chez le citoyen Beauchet, rue de l'Université, n° 302, à Paris.

Witimold, 26 fructidor®,

Je reçois aujourd’hui, au bout de neuf jours, votre lettre du 17, mon cher cœur, et quoique la distance qui nous sépare ne me paraisse pas à beaucoup près diminuée, je jouis sensiblement toutes les fois que le moment où vous traciez les expressions de votre ten-

1. Victor et Charles de Maubourg, chevaliers de Malte, n'étant pas dans l'ile le 10 juin 1798, étaient exclus des bénéfices stipulés pour les mem: bres de l’ordre.

2. Méchin ne put se rendre à son poste, car au moment où écrit Me de La Fayette, Malte vient d’être bloquée par la flotte anglaise, qui l'occu-

pera le 8 septembre 1800, 3. 14 septembre 1798.