Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

340 CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

dresse a été moins éloigné de celui où j'ai le bonheur de les recevoir. Je vous félicite et vous remercie de toute mon âme pour les détails intéressants que vous me donnez sur les chers enfants; ils sont bien satisfaisants tous les trois. Embrassez-les bien tendrement pour moi, ainsi que leur oncle et leur tante et le citoyen Grellet, Dès que nous avons eu de vos nouvelles, Georges et moi avons été les porter à Ploen; nous y avons trouvé quelques détails de plus. Je suis fâché que votre sœur loge loin de vous. En tout, mon cher cœur, ce que l'on écrit, ce que vous écrivez vous-même, me prouve de plus en plus que vous ne vous ménagez pas, et j'en ressens une vive peine et beaucoup d'inquiétude. Jespère qu'il est superflu de répéter tout ce que je vous ai mandé sur cet objet, et les nouvelles instances que je vous ai faites par le dernier courrier. Vous ne pouvez pas me donner une plus grande marque d'affection que de mettre du calme dans ce qui vous impatiente, et de la modération dans ce qui vous fatigue. Je vous recommande, où pour mieux dire c’est moi que je recommande à vous-même; dites de ma part à votre sœur’ qu'il faut avoir été trois ans avec vous et avoir suivi les vicissitudes de votre santé, pour savoir combien toute agitation morale et physique, même légère et momentanée, lui est pernicieuse; ses lalents pour le gouvernement de la jeunesse doivent s'étendre à vous, quoique son aînée. Je puis bien lui donner cette commission, puisque je charge aussi notre chère Virginie d'être une petite pédante insupportable et de vous rappeler mes sermons toutes les fois qu'il y aura lieu. Comment ne serais-je pas

1. Ms de Grammont, la dernière des filles de M® d'Agen. (Cf. la lettre XLVI, p. 345, note 2.)