Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 341

effrayé de votre activité à poursuivre tout ce qui vous fatigue et vous ennuie, quand je vois que vous balancez à donner quatre heures par semaine au seul intérêt qui puisse vous distraire de vos tristes et dégoûtantes occupations? Mais, tout en vous grondant, en vous conjurant encore d’avoir de vous non seulement les soins qui vous paraissent suffisants, mais ceux dont mon cœur a besoin, je vous remercie de nouveau et je jouis avec vous de la satisfaction que vous m'avez donnée en me parlant de ces précieux enfants. Je vois avec grand plaisir que Théodule sera comme son père, ce qui lui garantit que son oncle l'aimera bien tendrement.

Je vous ai confié dans ma dernière lettre les idées de M de Tessé sur Wittmold!'; je vous ai dit que vous pouviez en parler à la comtesse P. et à son amie. Je vous dis à présent à toutes les trois que, quoique le projet ne soit pas un secret ici, puisqu'il a été indiqué dans la gazette, et qu’on a reçu d’une manière plus claire encore des propositions, la propriétaire m'a recommandé de ne pas me tourmenter d'avance, ni vous, ni sa jeune amie. Je vous avais déjà écrit, et d’ailleurs il me paraît convenable que vous et elle le sachiez. Mais attendez l’une et l’autre, pour lui en parler, que la confidence qu’elle vous fera sûrement bientôt vienne de sa part. Au reste, on ne vendrait que dans le cas d’un excellent prix, et, suivant toute apparence, on ne sortirait, d’après l'usage du pays, qu'au mois de mai prochain. Quant à l'établissement futur, il est bien incertain.

Mr de Tessé est la seule de la maison qui penche

1. Mw de Tessé se proposait de vendre sa propriété de Wittmold pour éviter l'approche des armées françaises, maîtresses de la vallée inférieure du Rhin.