Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

342 GO RRESPONDANCE DE LA FAYETTE

pour la transplantation aux États-Unis. Ce que vous me mandez des mesures prises en faveur des Américains par le gouvernement français, me fait un plaisir inexprimable. C’est le seul moyen de remettre dans une bonne mesure la masse du peuple que le système vexatoire avait jeté dans l’autre côté de la balance. Je le disais sous l’ancien régime, je l’ai dit dans les premières années de la Révolution, et je répéterais aujourd'hui, si l’on m'écoutait, que c’est par une conduite générale ouverte et sincèrement amicale, qu’on déjouera dans les États-Unis le machiavélisme du gouvernement anglais. Un banquier de Hambourg qui avait une lettre à faire tenir au docteur Logan m'a demandé son adresse. Je n'ai pas pu la lui donner; dites-le-lui s’il est encore en France; s'il est parti, mandez-le-moi pour que j'en avertisse son correspondant. J'ai écrit par plusieurs occasions en Amérique, et nommément au général Washington. Je charge aujourd’hui Masclet' de proposer aux correspondants de Logan, MM. Vidal, d'envoyer la lettre à quelqu'un qui s’informe chez le général Kosciusko de la demeure du docteur. Pauline est à Eutin* et revient dans deux jours. J'ai annoncé avant-hier à l’écossage que j'irais la chercher pour rendre à la famille Romelin la visite que nous avions reçue à Lehmkuhlen; j'ai vu deux ou trois visages s’allonger d’une manière comique, et j'ai découvert, à mon grand divertissement, que le pauvre Romelin, malgré sa bienveillance paternelle, tremblait depuis longtemps de la peur de me donner à diner,

1. Masclet élait alors à Hambourg, ainsi que l'indique la lettre XLIII, dans le passage relatif à la dispersion de la colonie de Lehmkublen.

2. En Holstein, près du lac de Ploen. Pauline (M de Montagu) y visitait la famille de Stolberg. (Cf. lettre XLVI, p. 345, n. 2.)