Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE BYE

surtout pendant que la cour oldenbourgeoise était à Eutin. J'ai prié M... de le rassurer, et la visite du républicain père et du républicain fils a été tenue pour faite, ce qui satisfait également les deux parties. Il me reste encore à m'amuser de la mine du bon ambassadeur lorsque nous nous rencontrerons ici.

Pauline vient de faire un nouveau tour de son métier. Je lui avais porté, en désespoir de bourse, une lettre du malheureux de Vi.., plus déplorable que toutes celles que vous avez lues; que fait-elle ? Après avoir ramassé six louis je ne sais où, elle fait copier par Marie-Agnès cette lettre où il y avait mon général sans aucune désignation de ma personne, et la fait présenter par la comtesse Catherine à ce prince qui ne parle point aux démocrates, mais qui néanmoins est libéral et qui a donné vingt louis pour le correspondant du général. Voilà done vingt-six louis de secours pour une famille réduite à la misère et dont le chef a servi en Amérique sous les drapeaux de la liberté. Dans ma reconnaissance pour Pauline, J'ai dit et je soutiens que c’est un ange qui a le diable au corps; l’ancien hôte du vieux gourmand qui me hait tant, quoiqu'une fois il ait trouvé son salut dans mes bras, lui accorde une pension, ce qui fait grand plaisir à ses parents; il faudrait que je fusse encore plus gourmand que lui pour n’accommoder d’un diner payé de cette façon, et par un tel personnage. Chacun a son goût.

Par exemple, comme dit le petit Français Second, je sais qu’à la place du citoyen Méchin, j'aurais dérobé à mes affaires quelques minutes pour vous recevoir. Nous n'avons encore que des nouvelles vagues sur Bonaparte. Les gazettes d'hier ne disent rien, si ce n'est que les trois jeunes d'Orléans sont