Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

34! CORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

attendus en Espagne, ce qui ferait croire que l'aîné a renoncé à son établissement en Amérique. Mais votre gazelte à vous, mon cher cœur, dit quelque chose de bien extraordinaire : c’est qu’au lieu d’emmener Chavaniac en Haute-Loire vous comptiez le renvoyer au jeune ménage. Il nous est impossible de concevoir cet arrangement. Je suis bien fâché de la continuation du mauvais état de Félix; il avait, dans sa dernière lettre à son frère, des espérances pour le bureau des colonies, elles m'avaient été confirmées par une lettre de notre ami. Vous ne me parlez plus de celle pour mes compagnons que je souhaite tant savoir remise à son adresse’, Je vois avec beaucoup de peine que le jeune ménage tarde à vous joindre. Au reste, il faut attendre les détails que vous me promettez, mais croyez, mon cher cœur, que je suis bien persuadé que vous ferez tout ce qu'il y a de mieux et que personne ne pourrait aussi bien que vous s'occuper de nos affaires. Ce que je désire pardessus tout, c’est que vous vous évitiez les impatiences et les fatigues, et que nous nous retrouvions bientôt pour ne plus nous quitter. Voilà près d'un an que nous avons quitté les prisons royales pour une espèce de bannissement; dans quelques mois nous pourrons sans inconvénient, si ce n’est sans regrets, chercher en Amérique un asile définitif. Je laisse la plume à Georges, mais je veux, avant de la quitter, vous charger de mille tendresses pour ma bonne chère Virginie. Dites-lui de ne pas oublier de mettre dans chacune de ses lettres quelque chose de particulier pour M" de T.; elle en parlait dans la dernière, et j'ai eu soin de la montrer, Adieu, adieu,

1. C'est une seconde démarche, renouvelant celle de la lettre XLI et faite, cette fois, auprès de Lareveillère.