Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

CORRESPONDANCE INÉDITE 345

mon cher cœur, ne vous mettez pas dans la tête que je puisse jamais vous attribuer des difficultés et des lenteurs si étrangères à vous. N'ajoutez pas des inquiétudes imaginaires aux contrariétés réelles. Vous savez quelle confiance j'ai en vous et combien je compte sur votre fidèle observation de tout ce que vous promettez à vos amis, sauf un seul point sur lequel vous êtes moins honnête, c’est celui de votre santé, et c'est justement celui qui m'intéresse le plus. Adieu encore une fois; il m'en coûte pour quitter le bavardage auquel je ne puis me livrer qu'une fois par semaine, mais en tous les instants je pense bien tendrement, bien anxieusement à vous. Je vous embrasse toutes deux de toute mon âme.

Je vous félicite d’avoir vu le citoyen Frestel!; on nous annonce toujours des lettres de lui qui n'arrivent jamais. Je l'embrasse de tout mon cœur; j'ai tous les jours plus de motifs pour l'aimer; son jeune ami est au supplice de Tantale. A l'arrivée du paquet, l'espérance brille dans ses yeux; j'éprouve une peine bien grande à être obligé de lui dire : «Il n'y en à point. »

Lerrre XLVI.

La Fayette à Madame de La Fayette. Wittmold, 5 vendémiaire (26 septembre 1798). Votre lettre du 5 de ce mois a été reçue comme tout ce qui vient de vous, mon cher cœur; le besoin de vos nouvelles est extrême; le besoin de vous voir augmente tous les jours; j'ai été bien heureux de lire que les partages? seraient finis dans deux mois; 1. Précepteur de Georges La Fayette. (Cf. la notice sur la lettre XLIX.)

9. De l'héritage de M=*° d’Ayen entre les trois sœurs, Mw** de Montagu, de La Fayette et de Grammont. Ces partages ne furent réglés qu'en