Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)
CORRESPONDANCE INÉDITE 359
che d'un autre gite et d’autres circonstances trop longues à détailler, nécessiteraient de s'établir à Ploen, et nous en avions causé hier, Maubourg et moi, d’après les conseils de Pauline; mais il serait fou de s'éloigner de vous dans le moment où vous ne savez pas si vous pouvez venir jusqu'ici, el où vous êtes forcée de passer l'été en France; et si la paix américaine est faite, je ne puis guère revenir dans un trou de Ploen où nous dépenserions le peu que vous pourriez recueillir, tandis que je ne puis trouver qu'en Amérique des moyens de subsistance. Il me semble done que notre rendez-vous doit être en Hollande, que vous devez tâcher de vous assurer qu’on m'y laissera en paix jusqu'après les couches d’Anastasie, et que si nous sommes malheureusement destinés à nous séparer encore, je dois employer ce temps à savoir si, lorsque nos créanciers auront votre bien, et après que Chavaniac sera assuré à nos enfants, je puis transplanter ma famille sous un toit qui soit à nous. Ce qu'il faudrait, c’est que votre retour commencât le plus tôt et finit le plus tard possible en Hollande, ou en Holstein, si vous jugiez plus convenable d’y arriver de bonne heure avec le jeune ménage, pour qu'après je vous conduisisse à la frontière française. Dans tous les cas, vous n’en sortirez pas sans que j'en profite partout où vous serez. Vous aurez vu que déjà j'étais devenu bien indifférent aux choix qui, dans les partages, auraient pu m'intéresser vivement. Je vous dirai cependant, pour répondre à chaque article, qu'autrefois j'eusse préféré Fontenay avec la plus grande ferme que votre portion eût comportée ; mais ceux qui sont destinés à vivre en France doivent s'arranger avant nous. Je pense même que, pour que notre réunion définitive