Danton

DANTON 17

À voir cette figure ravagée, à entendre cette parole parfois brusque, cette gaieté souvent gauloise, des observateurs superficiels ou prévenus S’imaginaient un fanfaron grossier, libertin, crapuleux. Rien de plus faux que ces suppositions : cet homme de famille et de foyer vécut avec pureté et modestie, sans autre amour que celui de sa femme, sans autres plaisirs que ceux qu’il partageait avec les siens.

Ajoutons que, bon camarade au collège, il resta tel toute sa vie avec ses amis. Il avait le culte de l’amitié et le don, si précieux, de la cordialité : sa joie était de réunir à sa table ses condisciples, ses compagnons de lutte. Son grand Cœur s’ouvrait à des sentiments plus larges encore: il aimait ses concitoyens, la vue du peuple le réjouissait. Durant les courts séjours qu’il fit à Arcis, dans sa maison natale qui donnait sur la place principale, il se plaisait à diner fenêtres ouvertes, à la vue de tous, non par ostentation, mais par bonhomie et fraternité.

Loin de haïr ses ennemis, il ne pouvait pas leur garder rancune : il avait toujours la main tendue vers ceux qui l’insultaient le plus griè-

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