Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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gage est ferme, préeis et conforme aux intérêts du pays. Quel gouvernement fut jamais mieux éclairé sur ces intérêts que celui de 1830? Aucun des gouvernements qui l'ont précédé ne s’est plus profondément identifié avec les intérêts nationaux. Je le reconnais, il n’est pas permis de douter que l’illustre maréchal, président du conseil , n’ait dans le cœur et dans la tête tout ce qu'il faut pour résoudre la grande question de notre état militaire, question qui touche de si près à celle de la grandeur et de la gloire de la France : aussi devons-nous regretter que le gouvernement n’ait pas dit simplement à la nation, dans un langage qui eût été compris de tout le monde :

« Pour réunir promptement et facilement, selon que les circonstances l’exigeraient, 500,000 combaltants qui sont indispensables pour défendre la France contre ses ennemis, il faut que les 65,000 jeunes gens appelés, chaque année, servent neuf ans en temps de guerre, et, qu’en temps de paix , il passent six ans au plus sous les drapeaux, sauf à compléter la durée légale de leur service dans la réserve, c'est-à-dire dans leurs foyers , sous la seule obligation de répondre aux appels de présence, et de ne pas contracter mariage sans l'autorisation du gouvernement. »

Nous croyons qu’une loi ainsi formulée, dont chacun aurait pu apprécier les données arithmétiques, eût obtenu l’assentiment de tout le monde, et que pour lui concilier encore aujourd'hui l’unanimité des suffrages ; il sufirait que le gouvernement, manifestant des intentions mieux arrêtées, indiquât avec plus de fermeté les nécessités auxquelles il est chargé de pourvoir.

Vous ne l'avez point oublié, messieurs, si le gouverne: ment s’est décidé et si vous avez consenti à remanier en tièrement une loi consacrée par douze années d’une pra-