Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

s O1 usé du mot de remplacant ; car c’est celui-là que je voudrais proscrire, c’est le seul en effet qui offre un inconvénient. Je m'inquiète peu du remplacé, celui-là n’est pas dans l’armée.

Je me suis donc abstenn avec soin du mot remplacant ; mais je n’avais aucune raison de ne pas me servir du mot de remplacement ; car la faculté de se faire remplacer est mentionnée dans la loi, et l’acte du remplacement peut l’exprimer en terme général sans compromettre personne : le préjugé n’atteint pas le remplacement en lui-même , mais il frappe, et injustement selon moi, la personne qui y prend part; et, par une bizarrerie inexplicable, c’est leremplaçant qui est flétri aulieu duremplacé,quise décharge pour son argent des dangers et des privations de la profession des armes.

J'ignore comment l’epinion défavorable aux remplacants s'est introduite et établie dans l’armée. Celui qui vous parle est un homme de l'armée; comme inspecteur général, comme chef de corps, j'ai lutté, et depuis longtemps, contre les préventions dont les remplaçants sont l’objet. Vous dire son erigine, je l’ignore ; mais certes il est très-fâcheux que dans une armée qui compte quarante mille remplaçants dans ses rangs, le mot de remplacant soit entouré d’une telle déconsidération.

J'aurais cru qu’on aurait saisi avec empressement un moyen de la faire disparaître avec le mot auquel cette déconsidération esl altachée. Celui que je propose atteindrat-il le but proposé? obtiendra-t-il l’assentiment de la chambre? C’est ce que vous apprécierez, messieurs. À coup sûr, il serait déplorable qu’on eût de notre armée une moins bonne opinion qu'elle ne mérite, et cela uniquement parce qu’elle compte dans ses rangs un grand nombre de remplaçants.