Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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le sien: il est donc plus voisin de l’affranchissement des devoirs du service, il se trouve dans une position intermédiaire entre le service sous le drapeau et la libération complète. Survienne uu événement qui aggrave la position, un événement qui fasse qu’on l’appelle sousles drapeaux, En cela, il obéit encore au sort ; mais si l'événement qui a aggravé sa position s’efface, si la cause de son appel disparaît, ne faut-il pas qu’il en profite, qu’il en profite seul ; car à cet homme qui est dans ses foyers en réserve, la loi impose le devoir de servir si le Gouvernement a besoin de lui, de servir tout le temps que la loi a dit qu’il servirait, Mais son obligation n’est pas de servir pour dispenser ceux appelés avant Jui, et dont l’art. 34 exige qu’il prenne la place. Il y a ici, ce me semble, une substitution qui est contraire à la justice, car le hasard a fait cette position à l’homme en réserve, et c’est encore le hasard qui la change et qui lui donne le droit de reprendre sa place dans la réserve, et non pas l’obligation de la céder pour en faire profiter un autre, Il me semble que la justice ne veut pas, quoique au premier coup d'œil cela paraisse être ainsi, ne veut pas, dans les circonstances dont je parle, que les congés soient donnés aux plus anciens. Je concevrais très-bien ce système, et je m’expliquerais pourquoi il a pris faveur si l’armée était une prison. On comprend qu’on dise alors : ce sont ceux qui ont été le plus longtemps privés d’air qu’il faut mettre en liberté; mais il ne s’agit pas de cela. La défense du pays est un devoir et non pas une peine ; on n’est Pas condamné à être soldat, on est désigné Pour porter les armes. Or, il faut craindre de déclarer qu'on veut adoucir la position d’un soldat qui est tenu à rester sous les drapeaux où il a été envoyé de prime abord,