Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

a — 106 —

Messieurs, j’attache un trop haut prix à tout ce que dit M. le duc de Broglie pour ne pas demander la permission de faire quelques observations sur d’autres points de son

discours.

M. le duc de Broglie nous a parlé du danger qu'il y avait à conquérir et de la difficulté de s’arrêter quand on entrait dans la voie des conquêtes ; c’est un immense horizon qui s'éloigne à mesure qu’on s’avance et dont on n’atteint point la limite ; il nous a représenté la conquête de l'Algérie et celle de l’Indoustan comme s’étant opérées par l’entraînement irrésistible que les nations et les gouvernements ne savent pas maitriser; ces conquêtes mémorables, il nous les à représentées comme un malheur pour les nations qui les avaient faites et qui en recueillent aujourd’hui le profit et la gloire; il vous a dit avec raïson que lorsqu'on avait mis le pied en Afrique comme lorsqu'on avait pénétré dans les presqu’iles indiennes, on avait d'abord occupé dans l’Inde quatre ou cinq comptoirs, en Afrique deux ou trois points de la côte; mais que bientôt après, maloré soi, par la nécessité qu’il y a, lorsqu'on fait la guerre à des nations barbares, de s’étendre indéfiniment, les Français avaient été conduits au-delà de l'Atlas, jusqu’au désert, et les Anglais jusqu'aux monts Hymalaya, Mais c’estainsique toutes les conquêtes se font, c’est ainsi

que les Romains ont conquis l'Afrique , et en y mettant bien plus de temps que nous ; c’est ainsi qu’Alexandre et ses successeurs ont agi dans l'Inde.

Messieurs, je vous demande ce que serait l'Angleterre sans ses possessions de l’Inde ? Mais toute sa puissance est là, toutes ses richesses viennent de là ; et quoique la source ait pu en paraîlre tarie un moment par lefardeau des dettes de la compagnie , Londres perdrait le plus beau fleuron