Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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de sa couronne si elle cessait d’être la métropole de l'Inde.

Je ne saurais done admettre, quant à moi, que ce soit un malheur pour l'Angleterre d’avoir conquis l'Indoustan. Toutefois, il faut le reconnaître, cette conquête a été faite à trop grands frais; c’est le luxe et la mauvaise administration de la compagnie qui ont rendu cette conquête si onéreuse à l’Angleterre ; aussi assure-t-on que sir Robert Peel projette de reprendre l’administration directe de ce vasle pays. Dans cette circonstance, et à l'égard des Indes, j'ai entendu regretter , par des Anglais et pour lAngleterre, l'administration si économe des armées françaises. Elle a manqué à la compagnie des Indes, qui a jeté des sommes énormes dans toutes les opérations de cette conquête. Messieurs, la guerre, quand ce sont les barbares qui la portent au milieu des nations civilisées, entraine aprèselle les plus grands malheurs qui puissent frapper l’humanité, Ces malheurs, ces désastres , sont sans remède, sans compensation. Ceux qui désolent l'humanité ne peuvent rien pour son soulagement. Mais lorsque c’est le contraire, lorsque ce sont des nations civilisées qui portent la guerre au sein de la barbarie , la morale ét la civilisation marchent à la suite des armées envahissantes , des armées régulières et disciplinées. À ce point de vue, je dirai que si la guerre a dévasté la terre, bien souvent aussi elle a civilisé le monde.

Voyez cé qui se passe en Afrique. Déjà les mœurs s’adoucissent; déjà l’idée du juste, le respect de la vie, se font jour dans les âmes ; les mœurs ent déjà changé à ce point que , soit que les tribus se battent contre nous ou entre elles, les guerriers africains ne coupent plus de têtes, ou du moins ils n’en coupent que très-rarement, (On rit.)