Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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à ce point s’imaginent qu’on le fait à dessein ; on leur fournit non le droit, mais le prétexte de supposer qu’on craint que la France ne se sente trop forte par la réunion de ses ressources, et que c’est dans celte crainte qu’on les éparPille : c’est ainsi qu’on ôle aux enfants des instruments tranchants , et qu’on les cache loin d'eux. Je ne saurais done approuver que le gouvernement se soit laissé entrate ner si loin des points du globe où peuvent se produire et se débattre les vrais intérêts du pays,

L’honorable membre que j’ai remplacé À la tribune disait hier qu'il serait temps que l'opposition abdiquât l’Angleterre. Voix nombreuses. Amnistiât !

M. de Cubières. J'avais cra entendre qu’on abdiquât le thème de l’Angleterre. Je me suis trompé, je le reconnais. M. de Bussière a dit par conséquent qu’il serait temps pour Popposition d'accorder une amnistie à l’Angleterre. Je n’ai pas de conseils à donner à l'opposition , je n’ai pas l’honneur d’être son chef, et je n'ai pas pris place dans ses rangs; mais si javais un conseil à lui donner, je lui dirais au contraire: Point d’amnistie à l'Angleterre: elle mérité non pas votre haine, mais votre surveillance la plus active: ne l'amnistiez pas plus qu'elle n’amnistie la France, Nous avons avec elle les rapports les plus importants, nos intérèts sont le plus souvent opposés aux siens: dès lors les efforts de l'opposition doivent tendre à tenir toujours éveillée la surveillance de nos ministres.

C’est assez ennuyeux, jen conviens, d'entendre toujours répéter la même chose; mais il y a au fond de cette persistance un intérêt réel qui porte à dire sans cesse aux ministres : Surveillez l'Angleterre comme l’Angletérre vous surveille ; car elle a l’œil sur vous, et l’opposition anglaise