Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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dictées uniquement par la pensée de faire exeuser la révolution de 1830 et tout ce qu’elle a produit, par la pensée de rejeter sur la nation , d’imputer à ses défauts ce qui pourrait déplaire, en réservant aux seuls gouvernants le mérite de ce qui satisfait les étrangers; enfin, par le désir d'accorder toujours aux étrangers des satisfaclions nombreuses, et le plus souvent sans compensations.

Messieurs, la révolution de 1830 n’a pas besoin qu’on lui pardonne. Elle a reçu son erequatur de toutes les puissances du monde, C’est en cela que je blâmerais le cabinet de son humilité; car j'y vois la cause de l’infériorité qui est devenue le partage de la France dans ses relations avec plusieurs gouvernements étrangers. Messieurs, le peu de cas qu’on fait de soi-même est le plus sûr moyen de justifier Le mépris des autres.

Je reproche au ministère de ne point faire assez de cas de nous; je serais tenté de lui dire qu’il ne sait pas ce que vaut la France ; je reprocherais à sa politique de ne point s'identifier avec le pays, de n’être pas toujours l'écho fidèle de sa force et de sa grandeur. Jeserais tenté de reprocher à sa diplomatie de dire je au lieu de nous.

Il est singulier et cependant exactqu'à mesure que nous nous éloignons de la crise à laquelle le ministère se vante d’avoir mis fin, la confiance du pays dans sa fermeté visà-vis des étrangers continue à diminuer, et bientôt arrivera à zéro; et c’est à ce point que chacun se persuade qu’aujourd’hui des entreprises analogues au siége d'Anvers , à l'expédition d’Ancône, ne seraient pas entreprises par le ministère, On croit que, s’il s’agissait aujourd’hui comme alors d’un allié à protéger en empéchant qu'il ne fût protégé exclusivement et dominé par d’autres, de défendre un souverain contre la révolte , de restaurer le chef de l'Église dans sa force temporelle, enfin de soutenir un