Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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avait trouvé l’idministration de la guerre accablée sous le poids de dépenses considérables : les circonstances autant que moi les lui avaient léguées. M. le maréchal a continué toutes les dépenses , il n’en a répudié aucune; il est trop habile ministre et trop bon Français pour cela. En effet, les fortifications de Paris, les opérations de la remonte, les approvisionnements de toute espèce, les réparations de nos places frontières, les canons, les affüts, tout a été continué par M. le maréchal et au plus grand avantage du pays, et, je ne crains pas de le dire, à la satisfaction du maréchal lui-même. Il ne pouvait faire autrement ; il n’y a pas de politique qui aurait pu l’en détourner. Lui qui est un des plus vieux et des plus illustres défenseurs de la France , lui le lieutenant de Napoléon, il sait fort bien qu'un pays n’est respecté que lorsqu'il est ort, et que, pour être sûr de la paix, il faut être en état de faire la guerre. (Nouvelle approbation ).

M. le maréchal s’est ensuite occupé de moi comme membre de la chambre des pairs. J’avoue que je ne comprends pas le reproche qu'il n’a adressé, Il a dit que jusqu'ici j'avais paru adhérer au ministère; que je venais de quitter mon masque, que j'avais demandé et obtenu du service. Messieurs, je n’ai jamais porté de masque. ( Très bien ! ); jen’en fais point usage; j'agis, je parle à visage découvert. Jai souvent déploré la politique du ministère, en ce sens, que je ne voyais pas la nation s’y rallier. Je me suis peut-être trompé, mais enfin voilà le sentiment que j'ai éprouvé longtemps avant de rompre le silence.

Je sais que mon nom ne peut être inscrit dans aucune combinaison ministérielle; ce n’est pas l’ambition qui me fait parler, c’est ma conscience ; je ne me présente donc ici que comme pair de France et comme vieux soldat, qui