Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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ne peut rester indifférent à ce qui touche à l'intérêt et à l'honneur du pays quand il les croit compromis ou négligés. Mais comme pair de France, est-ce que je n’ai pas un avis à donner? (Oui! oui! )} Est-ce que ma qualité de général deviendrait pour moi un empéchement à parler ? Je monte rarement à la tribune ; mais cependant j'ai droit de dire mon avis; si je ne le disais pas, je ne serais pas digne d’être votre collègue. (Marques d’assentiment. )

Messieurs, croyez-le bien, l’homme que vous voyez devant vous n’a jamais été masqué. En venant dire ici mon avis, je n’ai point eu de masque à jeter loin de moi; je n’ai fait autre chose que de venir donner un avertissement au ministère. Il n’est rien sorti de ma bouche qui ait pu blesser M. le maréchal, Eu critiquant la politique du ministère , j'ai respecté les personnes. Est-ce que MM. les ministres n’ont pas eu des amis plus intimes que moi qui se sont séparés d’eux ?

M. le maréchal s’est étonné qu'un ancien ministre du 1° mars vint aujourd’hui parler si légèrement des craintes de guerre qui régnaient à la fin de 1840. |

Je sais qu’un moment la France a pu craindre d’être forcée à la guerre qu’elle ne cherchait point, qu’elle ne craignait pas davantage, et qu’elle ne craïndra jamais. Ce que je blâme, c’est que le cabinet n’ait cessé de nous faire craindre des ruptures, et d’ériger la guerre en épouvantail depuis qu’elle est à peu près impossible, et cela dans un pays où personne ne refuse de se battre.

M. le maréchal a dit que j’avais demandé du service : c’est un singulier reproche. Jamais la politique ne m'empéchera de servir le roi et le pays, sous quelque ministère que ce soit; notre privilége à nous, c’est de verser notre sang, abstraction faite des systèmes inventés par les hom-

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