Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

7 bientôt à zéro. Mais l’Angleterre trouvera dans ses possessions de lInde une compensation plus qu’équivalente et qui est toute prête ; elle y trouvera son salut commercial. Où serait notre compensation à nous ? Où serait le salut de notre commerce maritime? Sommes-nous les maîtres de l’Inde ? l’AIgérie peut-elle vous en tenir lieu ? Pouvons-nous, comme les Anglais, substituer au travail des esclaves noirs le travail de 50 millions de travailleurs jaunes, presque aussi asservis que s’ils étaient noirs ? Assurément la situation n’est pas égale de part et d'autre.

Aujourd’hui, il est visible aux yeux les moins clairvoyants que, pour l'Angleterre, l'émancipation des noirs a eu un but politique et commercial, non moins que religieux et philan‘thropique; ce que l’Angleterre poursuit de tous ses efforts, ce qu’elie veut atteindre par l’affranchissement des noirs, c’est l'anéantissement, dans les îles et sur le continent de l’Amérique, de la culture du sucre et de celle du coton; c’est la transmigration des productions intertropicales dans l'Inde, pour s’en assurer le monopole. La notoriété de ces faits et de. ces intentions nous dispense d’en dire davantage, et doit nous faire espérer que le Gouvernement ne voudra pas persister, en compromettant le sort de nos colonies, et cela en vue d’accorder certains dédommagements à nos voisins, ou certaines Compensations qu’il croirait de nature à aplanir les difficultés que préseutent les négociations relatives au. droit de visite.

Mais s'il en était ainsi, s’il élait vrai que des considérations étrangères à la loi même eussent décidé le Gouvernement à vous la présenter et surtout à faire ses efforts pour. l'obtenir immédiatement, nous ne serions plus, messieurs, en présence d’une loi organique, d’une: loi mürement conçue, d’une loi à discuter sérieusement, mais nous serions en présence d’une loi de circonstance, d’une loi qui aurait un but secret, qui aurait un tout autre but que l’objet qu’elle de-