Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

er

vrait se proposer, d'une loi à faire vite et non à faire bien. e ne pense pas que la chambre doive se prêter à des intentions plus ou moins avouées de trafiquer au dehors de nos décisions. Les lois que vous faites, messieurs, ne sauraient être une monnaie servant à payer [2 complaisance de l'étranger; car pour cela il faudrait qu’elles fussent contraires aux intérèts français, et jamais de pareilles lois ne sortiront de cette enceinte.

Certes rien ne présente autant de difficultés que de choisir, que de trouver un mode équitable autant qu'efficace de procéder graduellement à l’affranchissement, et d'effectuer dune manière complète l'abolition de lesclayage dans nos colonies sans les anéantir. C’est là un problème compliqué, surchargé d’inconnues, dont la solution estenvironnée d’écueïls; les fautes y sont comme inévitables : profitons du moins de celles de nos voisins, ne condamnons point notre pays aux mêmes sacrifices, aux mêmes regrets, aux mêmes dommages.

Pour arriver à la solution de la grande question de l’émancipation, on s’est demandé si le Gouvernement était dans la meilleure voie ; si les autorités locales, qui doivent l’éclairer, étaient entourées d’assez de lumières; si les conseils coloniaux étaient suffisamment consultés, si l’on ne se défait pas trop de leurs avis ; si l'administration n’oubliait pas quelquefois que l’introduction des mesures les plus libérales, les plus satisfaisantes , les plus influentes sur le bien-être des esclaves, était due aux assemblées coloniales, alors que, séparées de la métropole par la guerre, nos colonies se douvernaient ellesmêmes. Enfin quelques esprits sérieux ont pensé que peutêtre, sifparfois des hommes plus politiques que navigaieurs s’étaient trouvés chargés de la direction de l’adminis{ration des colonies, elles auraient pu se trouver mieux préparées à l’affranchissement, et que, par l'intervention d'hommes possédant à un haut degré l'intelligence des grandes