Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée
2-40 soin, mais encore elle pourrait lutter sur les marchés étrangérs pour ses produits d’aciérie.
Aujourd’hui l'exportation des aciers français se réduit à ce que nous envoyons à nos colonies, lesqu’elles ne peuvent en recevoir que de la métropole suivant les lois’ qui les régissent ; c’est à peine 1,000 à 1,100 quintaux métriques.
Un fait constaté, c’est que, malgré le droit excessif dont les fers suédois et russes sont frappés, nos fabriques d’aciers, et notamment celles du midi, les emploient cependant en assez grande quantité. Il en résulte des produits très-chers; mais au moins sont-ils de bonne qualité. ë
Certes, l’on ne serait pas fondé à dire qu’il ne se fabrique point en France d’aciers artificiels de passable qualité; mais ce que l'on peut affirmer, c’est que le prix de revient des aciers très-bons, cémentés ou fondus en France, serait beaucoup trop élevé pour que.le commerce puisse tirer parti de ces aciers et pour qu’ils soient d’un emploi avantageux à l’industrie; c’est là ce qui s'oppose chez nous au développement de l’importante industrie des aciers.
Cependant, chacun le sait, aucune industrie ne peut exister qu’à la condition d’assurer un profit convenable à celui qui l’exerce. Fabriquer au moindre prix possible des produits de bonne qualité, voilà le problème à résoudre pour toute industrie. Supputer le prix de fabrication, c’est l’unique moyen d’apprécier les méthodes et d'arriver aux améliorations.
Le seul moyen d'améliorer la situation technique et économique des aciéries françaises, et de mettre la production des aciers en équilibre avec la consommation, et leur qualité en rapport avec leur application dans les arts, serait de favoriser Pimportation des fers de Suède et de Russie spécialement destinés à être transformés en aciers cémentés ou fondus, soit en réduisant, soit en abolissant entièrement le droit qui affecte cette importation, faute de laquelle il n’y aura jamais