Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

ee

régulière, car ce ne sera qu'aux dépens de sa mobilité. En effet, plus nos ennemis d’Afrique deviendront européens dans le .combat, moins ils ressembleront aux Numides : c’est leur légèreté qui fait toute leur force; il’est à désirer qu'ils en perdent quelque chose. Pour nous, nous avons à rendre nos soldats plus mobiles ; à les alléger dans leur armement et leur équipement ; à mieux diriger l'emploi de leurs forces; à leur faire contracter l'habitude d’une nourriture plus appropriée à la vie active et à la chaleur : nul doute qu’acclimatés, ils ne marchent aussi longtemps que les Arabes, et ne deviennent aussi rapides qu'eux.

Nous l’avons vu dans la campagne d'Égypte, où nos colonnes harcelaient les mamelouks et les poursuivaient jusqu'aux Cataractes; où nos fantassins lultaient de légèreté, d'énergie et de vigueur avec les Arabes du désert. Je ne crains pas d’avancer qu’on peut tout obtenir du soldat francais; qu’il supporte mieux qu'aucun autre les changements de température, et que, pour mener à bout les entreprises périlleuses et difficiles, les Français sont au moins de niveau avec toutes les nations de l’Europe. (Nouvelles marques d’assentiment.) Sans vouloir ranimer la controverse interminable que fait naître chaque année la question d’Afrique, je soumettrai à la chambre quelques observations. D'abord, je crois que les reproches, les ineulpations et les critiques qui s'adressent constamment à l’occupation de l'Algérie, porteraient avec plus de justice sur l’état de guerre et sur ses fâcheuses conséquences; il est certain que, dans l’état de paix, toutes les objections tombent d’elles-mêmes , car alors toutes les difficultés s'évanouissent. Il ne faut donc pas confondre les conséquences de l’élat de guerre avec les inconvénients de l’occupation. Ce n’est pas l'occupation qui est fächeuse pour la France, c’est la guerre dans un pays où elle est difficile et très-coûteuse; c’est donc la pacification qu’il faut avoir en.