Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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que souveraine, que nul ne puisse commander que par elle et pour elle ; mais sans qu'il lui faille être partout, ni étendre l'occupation française à d’autres points que ceux, en petit nombre, qui seraient reconnus dominateurs. La domination, telle que nous la comprenons, s’exercerait le plus possible par des agents indigènes soutenus par des forces arabes, et avec l'assistance facultative de nos troupes, rendues plus mobiles et fortement établies dans un petit nombre de positions intérieures d’où elles rayonneraient au loin.

Et si vous voulez observer de quelle nature est la puissance qui prétend contre-balancer la nôtre, vous ne tarderez pas à reconnaître qu’elle porte en elle-même tous les germes de dissolution. En effet, vous n’avez point affaire à un souverain puissant, absolu, dès longtemps reconnu et accoutumé à se faire obéir, qui ait eu le temps de façonner les populations à la soumission ; vous n’avez devant vous qu’une confédération. Rien de plus fragile que les liens qui réunissent nos ennemis en faisceau contre nous; rien de plus facile à rompre, si la politique sait agir de concert avec la force de nos armes.

Le premier orateur a fait quelques observations sur l’administration de l'Algérie; je crois devoir y répondre en peu de mots. L’honorable M. Mérilhou a semblé croire que le Gouvernement n'avait pas assez secondé la colonisation en facilitant comme on l’aurait dû , l'accroissement de la population européenne. À cet égard, le Gouvernement à fait tout ce que raisonnablement, et dans la limite des ressources mises à sa disposition , il pouvait faire. Le passage gratuit a été accordé à tous les émigrants qui l’ont demandé, mais, toutefois, en proportionnant le nombre des passagers aux travaux qui se faisaient en Afrique, afin de ne pas y attirer un plus grand nombre de bras qu’on ne pouvait en employer. La population européenne s’est accrue, année moyenne, de 25 p. 0/0, quelles que fussent d’ailleurs les circonstances où se trouvait notre