Entre slaves

108 : ENTRE SLAVES

gués. Ils refusèrent de donner la promesse que l’action serait suspendue. Toutefois, le Prince les laissa partir sans croire lui-mème à la réalité de leurs paroles. Au déjeuner, auquel assistait Karavelof, Battenberg ne paraissait nullement préoccupé de cet incident. Cependant il dit à son ministre au moment du café : « Ah! j'ai reçu encore des Rouméliotes. Comme auparavant, ils m'annoncent que cela va éclater. Ils m'ont remis un mémoire à ce sujet, vous le trouverez sur mon bureau, dans l’autre tente. » — Peu de temps après, Karavelof avait le manuscrit entre les mains.

« Ah! je connais cela, dit-il, ce n’est rien, ne vous en préoccupez pas; je vais leur parler et leur faire entendre raison. »

Le lendemain, le Prince partait pour Varna, où il possédait un chalet sur le bord de la mer. Dans la journée, on lui remit une dépêche ainsi conçue : « Cette affaire est beaucoup plus sérieuse que nous ne pensions. J'ai absolument besoin de vous entretenir. Je serai demain à Varna. Karavelof. »

Le Président du Conseil avait en effet causé avec ses amis de Philippopoli. On lui fournissait les preuves de la complieité en masse de la milice. Il falait être convaincu. Karavelof envisagea tout de suite sa situation vis-à-vis de la Russie. La réussite du mouvement était certaine. La Russie bouderait, la situation du Prince deviendrait de plus en plus irréconciliable. Mais on le sait, il ne solidariserait cer-