Entre slaves
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L'opinion du pays, Stamboulof, qui connaissait admirablement sa matière après cinq ou six ans d'exercice, se chargea de la façonner. Tout l’ancien personnel administratif fut remplacé par des amis personnels du régent et des ministres. On plaça à tous les degrés les anciens compagnons de luttes électorales, les anciens agents qui avaient depuis longtemps donné des preuves de dévouement; mais le recrutement ainsi compris ne fournissait guère que des sujets de basse condition, tirés de leurs échoppes, de leurs boutiques ou de leurs bureaux, et ignorant les détails de leurs nouvelles fonctions.
Ilne s'agissait pas d’ailleurs de montrer une science administrative transcendante. Stamboulof n'était pas aussi exigeant. On ne demandait aux nouveaux préfets et aux autres détenteurs de l'autorité, qu'une grande énergie et la soumission aveugle à tous les ordres du gouvernement. L'état de siège facilitait la tâche de ces fonctionnaires qui, en d'autres termes, n’accomplissaient qu'une œuvre policière.
Ils ne devaient supporter aucune réunion, manifes{ation hostile au gouvernement, ils devaient signaler tous ceux qui pensaient différemment que lui et enfin préparer les élections en forçant, par tous les moyens, menaces ou auires, la nomination des individus que le gouvernement désignerait, organiser dans chaque ville un parti de manifestants, des tout jeunes gens pour la plupart, qui sauraient à l’occasion se réunir en meeting et faire du bruit. Cette clientèle