Entre slaves

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Enfin, la direction inhabile de la politique russe ne

fut pas la seule cause de la perte du crédit russe en Bulgarie.

. La politique officielle, les grandes vues du gouvernement de Sant-Pétersbourg en Bulgarie remorquaient de vastes projets d'entreprises. Qu'on le voulût où non dans les régions officielles à SaintPétersbourg, il était clair que l'opinion publique en Russie ne tenait pas compte des limites diplomatiques, si vagues d’ailleurs, des droits de cette dernière en Bulgarie. On considérait celle-ci comme une nouvelle province, occupée par des gens laborieux, économes, habitants arriérés d’un sol productif. On s'inquiétait peu de savoir où commençait le protectorat moral de la Russie et où il finissait, et même s’il y ayait une sorte de protectorat. On ne pouvait pas croire que. gou, Vernée par un Prince ami et par des officiers russes, la Bulgarie ne fût appelée à devenir une sorte de colonie et l’on ne doutait pas que l'influence russe, dans les affaires comme dans la politique, y règnerail souveraine et sans obstacle : le monde des affaires se demandait pourquoi les Russes n'exploiteraient pas leur pseudo-protectorat en Bulgarie, comme les Anglais et les Français exploitaient les leurs sur plusieurs pays.

Seulement, l'exploitation telle que l’entendaient les Russes, différait de celle que les Anglais et les Français ont l'habitude d'appliquer dans leurs entreprises coloniales.