Entre slaves

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l’Impératrice, très aimé par l’empereur qui le traitait en enfant gâté, il pouvait alors compter sur l'appui absolu de Pétersbourg. C'est ce qui le porta dès le début de son règne à traiter « ses indigènes », comme il les appelait, sans trop de ménagements. À ses yeux, comme à ceux des Russes, d’ailleurs, le peuple bulgare se composait de gens incultes, ce qui était vrai en partie seulement, et faciles à mener, ce qui l'était encore moins.

Prince et Russes ne tardèrent pas à s’en apercevoir. À partir de cette époque et jusqu à la fin, on lrouverait difficilement dans les pays les plus agités un pareil bouillonnement de passions politiques : généraux, agents russes, ministres bulgares, députés conservateurs, députés libéraux, Prince, tous s'agitent, se combattent, intriguent, se disputent, se raccommodent, recommencent la guerre.

Ce fut le clan conservateur qui, en 1879, occupa le premier les sièges ministériels tout neufs. MM. Natchevitch, Stoiloff et Grécoff, dont le Prince s'était tout de suite entouré, eurent pour collègues des généraux russes. Mais voici que dès les premiers jours de la réunion de la Chambre, ce ministère succombe sous un vote de défiance. Mauvais début. La coalition d'opposition libérale guidée par Zankof et Karayelof triomphe. La différence d'opinions entre les deux partis porte autant qu'on peut en juger sur la Gonstitution. L'un veut un pouvoir fort, l’autre n'entend