Entre slaves

68 . : ENTRE SLAVES

Toutes ces intrigues rendaient courage aux libéraux ; l'agitation était à son comble dans le pays. le Prince était devenu très impopulaire, par suite de l'abolition de la Constitution, et les généraux aussi étaient battus en brèche de tous côtés. Depuis 1881. cependant, ils étaient les maîtres. Battenberg, las de lutter, n’avait-il pas moralement abdiqué en disant un jour au général Sobolef : « Je vous laisse le champ libre, agissez, vous êtes le Prince! »

_ Ces paroles ne suffisaient pas.

Alexandre parut pour la Russie conter ses ennuis. Mais cette fois, il se heurtait à un obstacle: la volonté du nouveau Tsar, bien différente de celle de son père.

Les plaintes countinuelles que le jeune souverain formulait à Saint-Pétersbourg portaient tantôt sur l'incapacité des généraux et des agents russes, tantôt sur leur tyrannie, leurs exigences.

Bien entendu, les personnages sacriliés ne manquaient pas, retournés en Russie, de se disculper,

- d'expliquer leurs actes sous un jour favorable, et ils accablaïient le Prince et les Bulgares sous le poids de leurs accusations d'ingratitude, de trahison même envers la Russie.

Ils dédaignaient profondément d’ailleurs les politi= ciens bulgares et en parlaient dans les mêmes termes. qu'ils fussent Natchevitch, Stoilof, Karavelof ou Zankof.