Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat
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sévères, car les lois fiscales « étaient en très grande partie un mystère réservé aux percepteurs, et le peuple se trouvait fréquemment en contravention sans le savoir » (1). « Quelle législation, s’écrie le Trosne! les dispositions de lois intervenues depuis 1680 seulement sont au nombre de 180, et malheureusement ma collection finit en 1746 » (2).
Mais combien plus sérieuse était la contrebande volontaire, effectuée par des bandes organisées ou même individuellement!
L'écart extrême qui existait entre le prix du sel consommé dans les diverses provinces suffisait largement pour encourager les tentatives des faux sauniers.
Les différences les moins sensibles se constataient entre certaines parties des provinces franches et des provinces rédimées ; le prix du sel y variait de 3 à 6 livres le minot; les brusques ressauts de prix étaient surtout considérables à la lisière des pays de grandes gabelles et des provinces exemptes: en Bretagne le minot de sel coûtait 2 à 3 livres: tout à côté, dans le Maine, il en valait de 50 à 60: d’Artois en Picardie, provinces contigües, le prix du minot sautait de 7 à 57 livres: en Limousin et en Auvergne, on se procurait pour 9 livres ce que l’on payait jusqu’à 61 livres en Berry et en Bourbonnais.
En vain les fermiers avaient fait défendre les amas de sel et interdire les provisions pour plus de
(1) Cahier de la paroisse de Mantes, Archives parlementaires, T. HI, p. 657. (2) Administration provinciale, p. 440.