Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat
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Aussi le faux saunage était-il devenu une industrie régulière, une véritable source de revenus pour de nombreux individus « conduits pay leurs mœurs sauvages et l'habitude de violer la loi, à un état approchant de beaucoup de celui de brigands ». Entre eux et une armée de commis « dont les mœurs étaient à peu près semblables » (1), il n’y avait pas de jours sans combats. 80.000 hommes étaient armés les uns contre les autres, les uns pour faire la fraude et les autres pour l'empêcher; c'était une guerre civile perpétuelle (2).
«Les punitions si rigoureuses et si multipliées », édictées par la Ferme, les peines afflictives les plus infamantes, loin d’apporter la honte aux fraudeurs, étaient «devenues une espèce de recommandation» (3).
Les faux sauniers en bandes agissaient surtout aux confins des pays de grandes gabelles, près des pays abonnés ou des pays francs, en Picardie, en Anjou, dans le Boulonnais, dans le Maine, dans la Normandie, qui paraissait « être le théâtre de toutes les contradictions en fait d’impôt », par l’enclavement au milieu de cette province de grandes gabelles de cantons qui jouissaient du droit de faire leur sel par un lavage de sables et l’évaporation.
Dans ces contrées, le contrebandier apparait comme un être bienfaisant. Le faux sel qu'il y
(1) Cahier du Tiers-Etat de Nemours, A. P. T. IV, p.134.
(2) Cahier du baillage royal de Châteauroux. A. P. T. II, p. 326, art. 17.
(3) Cahier de la noblesse de Château-Thierrg. À. P. T. II, p. 262, art. 46.