Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat
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apporte et qu'il y revend à un prix bien inférieur à celui de la Ferme (1) a pour effet de soulager des rigueurs de la gabelle les populations victimes de cet impôt. Aussi on le protège, on le cache, on le défend même contre les gabelous, qui sont franchement abhorrés et constamment exposés à des attaques où leur vie est en jeu.
Si les suppôts du fisc s’avisaient de pénétrer dans les provinces rédimées pour y rechercher et détruire les grands amas de sel faits en vue de la fraude, les parlements enjoignaient au peuple « de courir sus aux commis, capitaines, gardes, archers, et de les. appréhender, vifs ou morts, comme perturbateurs du repos public » (ordonnance de janvier 1639).
Les bandes armées qui se livraient au faux saunage chassaient les officiers du sel des endroits où ils résidaient, pillaient les greniers avec la connivence des dragons où des fantassins commis à leur garde, et livraient à la maréchaussée des « heurtements », à la suite desquels le champ de bataille était toujours couvert de morts ou de blessés (2): elles trouvaient aide auprès des « meuniers et des pontonniers, qui les aidaient à passer les rivières ».
Souvent elles marchaient sous la direction d’un
(1) Sous Louis XIV, l'impôt était de plus de 93 fois le prix de la marchandise vendue dans les dépôts de l'Etat. Leser, Æssat sur l'appréciation de la fortune privée au Moyen-Age, p. 241, Paris, 1847.
(2) Moreau ne Beaumonr, Mémoires, T. V. p. 339,