Étude sur les idées politiques de Mirabeau

LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 37

rompre, c'est tout l’art des législateurs comme la seule ressource des administrateurs?. »

Mirabeau veut mettre le pouvoir à l'abri des passions populaires; il va plus loin : il n’admet pas l’appel au peuple?. «Il serait impraticable et dangereux, dit-il, d'appeler le peuple à voter immédiatement sur les lois qui pourraient être contraires à sa volonté; cet appel au peuple ferait dégénérer le premier royaume du monde en une confédération de petites démocraties®. — Il n’y a rien de plus aristocratique dans le fait, de plus antipopulaire que ce démocratisme outrè qui repose sur des idées fantastiques de liberté et qui ne pourrait s'établir qu'en s’environnant d’écueils et d'abimes{. » Mirabeau n’admet que le régime représentatifs et n’accorde aucune confiance à la démocratie tumultuaire des anciens. D’ailleurs il ne se paie pas de mots; le régime n’est que la forme du gouvernement; peu importe qu'il soit monarchique ou républicain pourvu qu'il soit bon. « Que les lois soient proclamées par le monarque, les nobles ou l’assemblée, si elles sont tyranniques, où est la liberté’? » La réciproque est aussi juste. Si le gouvernement fait de bonnes lois et les applique bien, peu importe la forme qu'il revêt. « Il n'appartient qu'à un ordre d'idées vagues et confuses, dit-il, de vouloir chercher les différents caractères des gouvernements. Tous les bons gouvernements ont des principes communs ; ils ne diffèrent que par la distribution des pouvoirs; il n’y a de mauvais gouvernement que le despotisme et l’anarchié qui sont l'absence de tout gouvernements. »

Pour rejeter la république, Mirabeau se rallie-t-il à la constitution anglaise ? Ses amis, La Marck, Ségur et Dumont, le prétendent?. Il y a du vrai dans leur affirmation. Mirabeau admire

1. Note à la cour n° 47, dans Corr. Mirabeau-La Marck, v. IT, p. 414-504. Cf. Reynald, p. 342. . Le plébiscite français, le referendum suisse. . Courrier de Provence, v. VI, p. 83. - Ibid., v. VI, p. 358. Ibid. . Lettres de cachet, t. I, p. 205. . Lettres de cachet, t. 1, p. 193 et 194. . Moniteur, p. 512. . La Marek, v. I, p. 140. — Ségur, Décades historiques, w. VIL, p. 257. « Il voulait donner à la France une constitution aussi semblable à celle de

l'Angleterre que les circonstances de deux États pouvaient le permettre, » (Dumont, p. 289.)

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