Étude sur les idées politiques de Mirabeau

LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 1

tution#. » Il veut mettre le peuple en garde des préventions que les révolutionnaires cherchent à lui donner contre la royauté. « Ne redoutez pas l'autorité tutélaire du monarque, s’écrie-t-il à mainte reprise; elle n’est plus à craindre et cette méfiance est facheuse?. » Jusqu'à son dernier soupir, sauver la royauté devient son but unique. Quelque temps avant sa mort, il est amené à faire à la tribune cette célèbre profession de foi, que l’Assemblée l’empêcha de continuer jusqu’au bout et que le Courrier de Provence n'osa pas reproduire : « Notre serment de fidélité au roi est constitutionnel ; je dis qu’il est profondément injurieux de mettre en doute notre respect pour ce serment ({a gauche applaudit). Après cette déclaration non équivoque et pour laquelle je lutterai avec tout le monde en énergie, bien décidé que je suis à combattre toute espèce de factieux qui voudraient porter atteinte aux principes de la monarchie, dans quelque système que ce soit, dans quelque partie du royaume qu'ils puissent se montrer (a gauche applaudit) ; après cette déclaration qui renferme tous les temps, tous les systèmes, toutes les personnes, toutes les sectes… (interruption)S. »

Aucun écrivain n’a contesté, pour nous servir d’un terme anglais, le oyalisme de Mirabeau. Il serait superflu d'apporter d'autres preuves à l'appui. Remarquons encore une fois qu’elles se tirent, non seulement de sa correspondance privée avec ses amis et avec la cour, mais de ses publications diverses, de ses discours à la tribune, de ses actes enfin. Son confident Dumont dit de Mirabeau en termes exprès : « Il a été essentiellement monarchiste{. » Les royalistes, comme le duc de Lévis, le marquis de Bouillé, le marquis de Ferrières, le reconnaissent pour être des leurs5. « À travers toutes les déclamations de Mirabeau, dit enfin le comte de La Marck, l'observateur peut bien voir qu'au fond de sa pensée, il était plus monarchiste que les ministres mêmes du roi. »

Mirabeau est monarchiste à sa manière. Il impose à la royauté

1. Courr. de Provence, v. XIII, p. 461.

2. Ibid., n° 48, p. 10; n° 49, p. 2; n° 50, p. 2; n° 51, p. 13; n° 52, p. 6 (10 octobre 1789) ; n° 63, p. 35 (21 octobre et 6 nov. 1789).

3. Discours du 25 février 1791. Moniteur, p. 235.

4. Dumont, Souvenirs, p. 288.

5. Lévis, Souvenirs et portraits, p. 208, 209 et 211. — Bouillé, Mémoires, p. 180, etc. — Ferrières, Mémoires, v. I, p. 92.

6. Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 103.

PA