Étude sur les idées politiques de Mirabeau

LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 43

il admet son hypothèse du Contrat social. Son système politique est fondé sur une constitution. C’est la nation qui crée son roi et fixe sa part de pouvoir. La source de toute autorité est en effet le peuple, le peuple souverain par qui et pour qui le gouvernement fonctionne. Ne pouvant exercer le pouvoir par lui-même, il le délègue à un « représentant perpétuel, son premier magistrat. » Le roi devient donc « l’auguste délégué de la nation et le dépositaire suprême de son autorité ; le peuple, qui a seul le droit de se faire sa constitution, dont le roi est le premier appui, lui assigne ce rôle éminent?. » Le gouvernement, ce dernier résultat de la Constitution, c’est la raison et la tradition tout à la fois qui exigent qu'il soit exercé par un roi : ainsi, « la Constitution couronne le roi une seconde fois{. »

La nouvelle monarchie est donc une monarchie reconnue par le peuple et consacrée par la Constitution. Le roi, qui représente la nation, n’est obéi que parce qu’il commande au nom des lois5. Le but que se propose Mirabeau est précisément de « régénérer l'autorité royale et de la concilier avec la liberté publique, » d’affermir la royauté « sur l’indestructible base de la liberté publique et de la volonté nationalef. » Il le déclare à l’Assemblée, il le répète à Louis XVI. « Je serai, lui dit-il, ce que j'ai toujours été, le défenseur du pouvoir monarchique réglé par les lois et l’apôtre de la liberté garantie par le pouvoir monarchique?. » Tout en limitant ce pouvoir, la Constitution le renforce aussis, Elle le débarrasse des corps privilégiés qui le gênaient®; elle le rend enfin populaire. « La monarchie était renfermée dans l'enceinte d’un palais ; elle couvre aujourd’hui tout le royaume, »

Telles sont les conditions que Mirabeau impose à la royauté :

1. Leitres de Vincennes. — Lettres de cachet, t. I, p. 74. Discours du 16 juillet 1789. Archives parlementaires, p. 243.

2. Courrier de Provence, v. NI, p. 326.

3. Discours du 23 février 1790. Courrier de Provence, n° 109.

4. Courrier de Provence, v. IV, n° 62, p. 5 (4 novembre 1789).

5. Adresse du 9 juillet 89. Archives parlementaires, p. 211. Original aux Archives nationales (Parlementaires. C. C, 2 1. 15. Cote 224. E. 11, 1101).

6. Discours du 9 janvier 1790. Courrier de Provence, n° 91. Cf. Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 429.

7. Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 178.

8. Courrier de Provence, n° 50, p. 2. Corr. Mirabeau-La Marck, v. Il, p. 74 et 79, 196 et 197 (3 juillet 1790).

9. Corr. Mirabeau-La Marck, v. IL, p. 74, 196 et 197.

10. Harangue au roi (mars 1791). Courrier de Provence, v. XII, p. 460.