Étude sur les idées politiques de Mirabeau

LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 45

dans le pays‘; son éducation doit être faite sous la surveillance de la nation, si possible au collège. De cette façon il sera tenu à l'écart des influences de l'étranger, de la cour et même de sa famille. Il apprendra à connaître son peuple, et son éducation sera virile et populaire ; pour la compléter, il fera des voyages d'instruction, comme letsar Pierre le Grand venait d’en donner l'exemple?. )

De même que la royauté, la régence doit être héréditaire. Elle appartiendra à un membre de la famille royale pourvu qu’il soit né en France. Dès que la constitution est en vigueur, en effet, le rôle de la royauté, comme celui de la régence, est devenu inoffensif ; le peuple n’a rien à craindre de l’hérédité{, tandis qu’en revanche l’hérédité de la couronne est liée à celle de la régences. Mirabeau se rallie donc à la monarchie traditionnelle, nationale et héréditaire, c'est-à-dire légitime, pourvu qu’elle devienne populaire, représentative et parlementaire, en un mot constitutionnelle. Mirabeau est un légitimiste constitutionnel.

Le roi doit donc donner des garanties d'indépendance et de bonheur à son peuple. A son tour, il obtient de lui des prérogatives toutes particulières. Tout d’abord il est déclaré inviolable et sacréf. « L'homme qui attente contre le gouvernement commet un crime : c'est même celui de tous qui doit être le plus clairement déterminé par la loi, comme le plus dangereux à la société et par conséquent le plus punissable7. » Tout acte de rébellion doit être sévèrement réprimé par une loi spéciale sur les attroupements, car l’inviolabilité du monarque, dont il est seul à jouir’, intéresse J’ordre public.

Mirabeau se plaît à relever le prestige dont le roi doit être entouré. Il veut maintenir ses anciennes prérogatives, ses anciens

1. Discours du 15 septembre 1789, Courrier de Provence, n° 42, p. 12 et Suiv.

2. Projet sur l'Éducation publique.

3. Discours du 25 février 1791. Moniteur, p. 234. Mirabeau tenait à ce que l'héritier ou le régent fussent nés en France, afin d'assurer la succession présomptive de la couronne ou la régence à la Maison d'Orléans, au détriment de la Maison d'Espagne,

4. Discours du 22 mars 1791.

5. Corr. Mirabeau-La Marck, v. IT, p. 105-106.

6. Discours du 1° septembre 1789. Courrier de Provence, n° 35.

7. Lettres de cachet, t. I, p. 111.

$. Discours du 22 août 1789. Archives parlementaires, p. 471.