Étude sur les idées politiques de Mirabeau

46 F. DECRUE.

honneurs. Les témoignages de respect ne sauraient être trop grands, « puisqu’un peuple s’honore lui-même en honorant son prince!. » La considération est due à l'autorité, aux chefs choisis par le peuple, au roi et à ses ministres. Il ne faut pas « jouer aux esclaves mutins?. » Les libres Anglais, dans leurs témoignages de respect pour la royauté, donnent aux Français un exemple à suivre®. Au roi doit être réservé partout le premier rang. Malgré les tendances des hommes de 89 qui arrivaient à ne considérer le roi que comme un simple magistrat, un mandataire, un chef d'administration, à qui il n’était dû tout au plus que quelques marques de politesse, Mirabeau se montre le conservateur des anciens usages de la monarchie. Le roi a le pas sur les députés de la nation, puisqu'il en est le représentant perpétuel et héréditaire, tandis qu'ils n’en sont que les représentants temporaires et élust. Les vieux titres doivent être maintenus. Mirabeau voulut conserver l’ancienne formule de « roi par la grâce de Dieu, » en y ajoutant ce correctif: « et par la loi constitutionnelle de États. » Il admettait l’ancienne qualification de « roi de France et de Navarref, » maisil finit par s’accommoder du nouveau titre, devenu plus populaire, de « roi des Français”. » L'ancienne étiquette doit être observée, sauf dans quelques détails démodés ou humiliants pour le peuple. En retour, le roi doit des égards aux députés. Il n’est pas dispensé de la loi commune, en matière de police, et, par exemple, son droit de chasse ne doit pas être plus étendu que celui des autres propriétaires?.

Afin de conserver son prestige, la monarchie aura des frais de représentation. Tant que le domaine royal subsista, Mirabeau en reconnut au roi la pleine jouissance. Toutefois, pour

1. Journal des états généraux, n° 1; Courrier de Provence, n° 18, p. 4et 5 (8 juillet 89); n° 47, p. 21; n° 48, p. 8; n° 55, p. 17 et 18.

9. Courrier de Provence, n° 55, p. 7 et 8 (19 octobre 1789).

3. Ibid, n° 11, p. 17 (15 juin 1789).

4. Ibid, n° 35, p. 6 (discours du 1° septembre 1789). C£. discours du 15 juin 1789 et Courrier de Provence, v. VIII, p. 224 (14 mai 1790). Le Courrier se montre moins accommodant que Mirabeau sur les honneurs dus à la royauté. Cf. v. IX, p. 164, 210 et 217, n° 165, p. 237 et 258.

5. Discours du 8 octobre 1789. Courrier de Provence, n° 67, p. 7.

6. Courrier de Provence, n° 51, p. 16 et 17; n° 52, p. 1. Moniteur, p. 283,

7. Discours du 2 octobre et du 9 novembre 1789. Courrier de Provence, n°53, D 9.

8. Courrier de Provence, v. VI, p. 63; v. XIII, p. 478.

9. Discours du 7 août 1789. Archives parlementaires, p. 359.